Le mercredi 5 octobre, le centre socioculturel Maurice Noguès géré par Léo Lagrange Nord-Ile-de-France dans le 14e arrondissement de Paris a organisé une marche pour ses usagers du troisième et quatrième âge dans le cadre du programme deuxième souffle. L’Union nationale sportive Léo Lagrange (UNSLL) était une nouvelle fois aux manettes pour organiser cette marche. Retour sur cette journée royale.
8h30. Nos douze participantes sont ponctuelles et impatientes de pouvoir se rendre dans les jardins du roi soleil. Une ambiance chaleureuse règne. RER ou TER, TER ou RER, le débat est animé mais rempli de complicité pour définir notre trajet jusqu’à Versailles. Ce sera finalement en TER. Nous pouvons prendre la route.
La marche s’inscrit dans le programme « deuxième souffle » mené par l’UNSLL et qui a pour finalité de contribuer au bien-vieillir en prévenant la perte d’autonomie et l’isolement. Par le biais d’une « mise en activité » physique collective, il s’agit d’autre part de recréer du lien social à travers la convivialité, le respect et les échanges, d’améliorer les capacités physiques des participants et ainsi de contribuer à la prévention sanitaire, et enfin de permettre aux seniors de s’inscrire durablement et régulièrement dans une activité.
9h00. Nos douze participantes prennent place dans le bus qui doit les mener jusqu’à la gare Montparnasse afin d’y prendre le TER. La bonne ambiance et l’impatience du départ se font sentir.
« Je reste rarement seule à la maison. Ma carrière professionnelle m’avait habitué à cela. Le centre Maurice Noguès et ses activités, dont les balades, permettent de passer des moments sympathiques dans la convivialité et surtout d’avoir du contact. C’est tellement important. Dès que je peux, je participe aux sorties », confie Jacqueline, usagère régulière depuis plus d’un an.
« Cette journée fait partie d’une activité qu’on organise plusieurs fois dans l’année. Elle concerne des seniors qui la plupart du temps sont seuls et auxquels nous proposons une sortie. Cette dernière se compose en deux temps. Tout d’abord, une marche qui permet la découverte d’un lieu qui n’est pas forcément familier aux participants puis un atelier sportif. La plupart des participants ont une activité sportive dans un centre Léo Lagrange. Nous visons lors de cette journée à faire le lien avec celle-ci, et à leur donner des habitudes de fonctionnement en dehors de l’activité ponctuelle qu’ils peuvent avoir », explique Françoise Bouvier, présidente de l’Union nationale sportive Léo Lagrange.
« La sortie d’aujourd’hui est prise en charge par le Comité départemental sportif Léo Lagrange sur des subventions qui nous sont accordées par l’Etat via le CNDS » ajoute Françoise Bouvier.
13H30. Après une pause pique-nique et une dernière tasse de café, il est temps de repartir découvrir les jardins de Versailles. Pour les seniors, sortir de l’isolement permet de se sentir mieux. Le programme deuxième souffle existe depuis plusieurs années. Il consiste à proposer à des personnes isolées ou à la santé défaillante des marches, des ateliers sportifs et des activités. « C’est un programme expérimental que nous développons depuis cinq ans maintenant. Nous nous apercevons que les premiers résultats sont extrêmement positifs. Une fois l’isolement rompu, les usagères se portent beaucoup mieux. Elles deviennent mêmes demandeurs d’activités. C’est très positif » analyse Françoise Bouvier.
14H30, l’atelier sportif peut désormais commencer. Les participantes se mettent en cercle et écoutent religieusement Delphine Degré, l’animatrice de l’atelier stretching du jour. Après un échauffement pour ne pas risquer la blessure, les usagères du centre socioculturel Maurice Noguès réalisent des flexions. Elles effectuent ensuite un exercice de Ju-jitsu. Viens ensuite un travail d’équilibre. Et hop on reprend le stretching. Pour finir, les participantes font des étirements pour éviter les courbatures aux réveils de demain. « Les personnes ont pris l’habitude d’avoir une activité dans un club ou dans un groupe structuré avec quelqu’un de compétent et à la capacité de proposer des activités qui correspondent à l’état physique des seniors le résultat est quasi immédiat » ajoute Françoise Bouvier.
Prendre part à ce type d’activité est un pas pour sortir de l’isolement. Il sera ensuite plus facile pour le senior de quitter son domicile et d’avoir une activité en groupe. Il pourra désormais échanger avec les autres sur des sujets qui peuvent paraître très banal comme l’alimentation. On sait qu’un des gros problèmes des seniors est la dénutrition. L’isolement engendre une perte de goût pour la vie. Il est très important de rompre ce mécanisme diabolique pour nos seniors.
« Je viens tous les quinze jours à l’activité chorale, ça m’apporte beaucoup. Tout le monde est très sympa, on est toujours très bien reçu. Cette année, j’ai décidé de participer aux balades. C’est une vraie découverte et j’en suis très heureuse. Bien-être et soleil que demander de plus », se réjouit Raymonde, usagère régulière du centre socioculturel Maurice Noguès. Irène est elle aussi une usagère très régulière du centre. Elle ajoute « Une fois par semaine, je viens pour la gymnastique. Aujourd’hui c’est ma 4e balade. J’ai toujours beaucoup de bonheurs à venir. J’apprends à connaître mon corps mais aussi les autres usagères, quand je rentre à la maison, je me dis que j’ai passé une très bonne journée et j’ai hâte de revenir. »
« Ce qui est important c’est le bien-être et nous avons décidé de faire un travail de préventions sur les chutes en travaillant l’équilibre. J’ai voulu mêler stretching et équilibre dans l’atelier. Le cœur de l’action est qu’elles prennent du plaisir et qu’elles se sentent mieux dans leurs corps le tout dans la bonne humeur. Je suis là également pour répondre à leurs questions, beaucoup d’entre elles me demandent des exercices qu’elles peuvent refaire à la maison. Je suis là pour y répondre et donner des notions sur l’alimentation » confie Delphine Degné, en charge de projet en milieu carcéral et en intervenante dans le cadre des marches seniors pour l’Union nationale sportive Léo Lagrange.
« Le sport à Léo Lagrange n’est pas du haut niveau ni élitiste. Le sport est pour nous lié à l’éducation. C’est le sport partagé et surtout pratiqué avec les autres et pour aider les autres. Nous ne sommes pas une Fédération olympique. Nous sommes issus on est issus d’une Fédération d’éducation populaire, ce qui représente aujourd’hui une dimension très importante. Le lien social est primordial et relève d’une grande importance dans la pratique du sport à la Fédération Léo Lagrange », poursuit Françoise Bouvier.
16H. Il est l’heure pour nos participantes de rentrer. Après une belle journée dans les jardins de Versailles, les sourires fleurissent sur tous les visages. La bonne humeur et la convivialité règnent dans les rangs. L’objectif de l’Union nationale sportive Léo Lagrange semble réussi. Il y a un nombre conséquent en France de personnes isolées, oubliées. Cette dernière a mis en place un programme qui permet d’identifier des seniors isolés. « Il y a encore du travail. Il est difficile de mettre un système pour cibler, repérer voire rechercher des seniors isolés. Nous faisons à notre échelle », conclut Françoise Bouvier.
[divider]